mardi 29 octobre 2013

manger à Belgrade

(suite)
  A force d'insister, le Yougoslave finit par se laisser convaincre et accepta de les servir dans un coin retiré de la salle. Nos voyageurs eurent donc l'ineffable plaisir de dévorer quelques croûtons de pain sur lesquels ils avaient tartiné une sorte de margarine qu'ils firent "passer" en avalant promptement un caf soluble au goût peu prononcé. C'est alors que Candide eut la lumineuse idée d'agir comme la veille, en Autriche. Il alla donc trouver le maître d'hôtel et lui expliqua que, ayant payé pour un repas qu'il aurait dû ingurgiter la veille mais qui ne lui avait pas été servi, il désirait obtenir un panier pique-nique.
  Souriant, le fonctionnaire acquiesça et disparut quelques instants. Quand il réapparut, il tenait d'une main le pique-nique désiré et de l'autre...la facture de ce repas.
  Cette fois, monsieur Padevène se fâcha pour de bon et se rendit droit à la direction où il eut le plaisir de dénicher un réceptionnaire qui parlait le français. Il lui exposa volubilement son cas et vit que cet autre fonctionnaire semblait plus compréhensif que son prédécesseur.
  Un employé de la réception fut dépêché à la suite de Candide dans une autre salle de restaurant de l'immeuble où notre ami réitéra sa demande. Le garçon de salle partit chercher le maître d'hôtel qui s'avéra être le même que pour la première salle. A la vue de monsieur Padevène, l'homme s'indigna.
- Encore vous ! Mais enfin, que voulez-vous ?
  Poliment, Candide reprit sa demande? Haussant les épaules, l'employé s'éloigna pour revenir quelques minutes plus tard avec un sachet de pique-nique et...une facture !
  Pour la première fois de sa vie, monsieur Padevène sentit le rouge de la colère lui monter au front. Il planta là tous ces fonctionnaires et alla droit à la réception où il fit clairement entendre son opinion. Contre toute attente, "l'homme-qui-parlait-français" fut de son avis et, après diverses discussions avec l'irascible maître d'hôtel, notre ami put enfin disposer de son pique-nique. La petite famille partit donc d'un pas très digne, et même Wodka ne daigna pas saluer d'un mouvement de queue le personnel du plus grand hôtel de la capitale.

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