dimanche 26 février 2012

le protecteur des faibles

   A la rentrée, j'incorporais les rangs d'une autre école, privée, celle-là, dans laquelle mon père, plus jeune, avait fait ses études de comptabilité.
   Je me retrouvais donc en classe de cinquième avec plein de nouvelles têtes. Je voulais profiter de ce que personne ne me connaissait pour me faire une nouvelle réputation. Au lycée, j'étais l'enfant timide et fragile que tout le monde bousculait. Cette fois, avant la rentrée et après la colonie, j'avais appris quelques prises de catch faciles, dont une fameuse immobilisation que je mis plusieurs fois en pratique en récré. Moralité, je devins le protecteur des faibles et l'égal des deux ou trois élèves que l'on craignait et respectait.
  C'était le monde à l'envers et j'étais très fier de mon nouveau rôle.

samedi 18 février 2012

ma dernière colonie

   Le trajet du retour se passa de la même façon. Les deux garçons en quarantaine étaient placés tout au bout du bus et nul ne pouvait leur parler
   A l'arrivée, je mis ma mère au courant.
   Elle alla s'expliquer avec le curé, ce qui me laissait indifférent, mais m'annonça que je ne participerai plus aux colonies de la paroisse. Et ça, ça me faisait plaisir !

lundi 13 février 2012

QUARANTAINE

  On m'attendait au tournant. Le dernier jour de colo, il y eut une messe (c'était une colonie catholique). Mon voisin immédiat se mit à éternuer d'une façon bruyante et rigolote. Je me mis à sourire et lui aussi, par la suite.
  Après la messe, nous nous rendîmes par petits groupes dans le réfectoire pour le petit déjeuner. Alors que nous nous asseyons, le directeur fit un petit discours d'où il ressortait que deux énergumènes avaient volontairement troublé la messe en se livrant sciemment à des bruits cacophoniques pour distraire les petits camarades. En vertu de quoi ces deux malfrats seraient mis en quarantaine jusqu'à la descente du bus à bon port.
 Les deux individus en question, j'en faisais partie, bien entendu. Il fut donc interdit de nous parler et, après le déjeuner, nous fûmes astreints à des travaux ménagers. Comme j'allais vite (mais bien), j'eus terminé avant l'heure. Le curé m'amena alors dans son bureau et m'ordonna d'épousseter les livres de la bibliothèque. Ce que je fis.

dimanche 5 février 2012

Histoire d'eau

   Trouvant que plusieurs enfants buvaient trop à table, il a été décidé, une semaine avant le "jour des parents", de ne servir qu'un seul verre d'eau par individu.
   Beaucoup ont trouvé la pilule amère mais n'ont rien osé dire ouvertement. Bien entendu, je me suis levé et j'ai distinctement annoncé que j'écrirais la nouvelle à ma mère. Ce que j'ai fait.
   Le lendemain, on me présenta ma lettre (précisons qu'il fallait laisser les enveloppes ouvertes car nos courriers étaient vérifiés), dégoulinante. Narquoisement, on me signala que cela avait été fait pour prouver qu'on ne manquait pas d'eau à la colonie.
   Evidemment, ma lettre était quasiment illisible, tout étant délayé.
   La veille du fameux jour des parents, on eut de nouveau des carafes d'eau à table. Cela ne m'empêcha pas d'avertir ma mère, le lendemain, quand le bus qui venait d'amener les parents en visite la déposa à la colonie. Le curé qui dirigeait eut un aparté avec elle et le soir même, j'eus droit à un petit sermon avant de passer à table. Néanmoins, à partir de ce jour, nous eûmes autant d'eau que nous le désirions.

mercredi 1 février 2012

une coupe humoristique

   Mon succès dans ce jeu qui n'avait pas été créé par les "autorités compétentes" eut le don d'irriter quelque peu ces dites autorités, à savoir le curé qui dirigeait la colonie, les deux séminaristes qui l'aidaient et les deux ou trois jeunes adultes qui les entouraient.
  Un jour, au cours d'un rassemblement, il y eut un petit discours suivi de la remise d'une coupe au commandant du sous-marin. On me remit solennellement une vieille cafetière entourée de papier alu et on autorisa les enfants à se moquer de moi.
   Cela ne m'empêcha pas de poursuivre, et je fus suivi par quelques uns de mes compagnons de jeux. D'autres prirent peur et me quittèrent. Ca ne m'embêtait pas. J'aurais aussi bien pu jouer tout seul.
   J'ignorais encore que tout n'était pas terminé pour moi.
   Le jour de visite des parents arrivait à grands pas, et j'allais encore irriter les "autorités"